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« L’autosuffisance de toutes les filières viande se dégrade »

Boris Duflot, directeur du département Économie à l’Institut de l’Élevage.

Ces dernières années, le nombre d’abattoirs a fortement diminué, entraînant une réduction des capacités de production. La France produit moins de viande qu’auparavant et importe davantage pour satisfaire la demande intérieure, analyse Boris Duflot, directeur du département Économie à l’Institut de l’Élevage.

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Entre 2010 et 2020, le nombre d’abattoirs en France avait reculé d’un tiers, explique Boris Duflot, directeur du département Économie à l’Institut de l’Élevage. Les volumes ont continué de se réduire au cours des dernières années et provoquent la fermeture de nouvelles lignes de production. Lorsqu’on se penche sur les débouchés de la viande en France, la consommation ne baisse pourtant pas. Elle tend à se maintenir autour de 81 kg équivalent carcasse par personne et par an depuis au moins une dizaine années. Il y a des différences entre les espèces, avec notamment + 24 % de consommation de volailles sur les dix dernières années. Mais ce sont aussi des approvisionnements importés, puisque notre potentiel de production diminue en raison de la décapitalisation des cheptels et de la réduction du nombre d’éleveurs.

Dans plusieurs filières, on observe que l’autosuffisance se dégrade, poursuit Boris Duflot. C’est particulièrement vrai pour la volaille où on importe près de 50 % de ce qu’on consomme, soit 7 points de plus en dix ans. C’est vrai aussi pour la viande ovine, où les importations couvrent 57 % de la consommation en 2023. En viande bovine, nous sommes passés de 95 % d’autosuffisance à 90 % en deux ans. C’est la preuve que le potentiel de production baisse et ne suffit plus pour alimenter la consommation française. En 2023, l’inflation a rendu le consommateur très prudent, puisque la baisse du pouvoir d’achat a entraîné une baisse globale de la consommation alimentaire. Les viandes ont subi le plus fortement ce repli, à -1,5 % de consommation en 2023, mais ce phénomène semble conjoncturel puisqu’observé uniquement sur cette année-là depuis une dizaine d’années.

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